D’un naturel révolté, je suis touchée par de nombreux sujets de société. Les enjeux environnementaux occupent de plus en plus le top de ma liste de combats à mener.
Il y a maintenant 5 ans, poussée par ma passion pour la création artistique, je commençais à concevoir mes bijoux. Fortement mobilisée par mon travail en galerie d’art parisienne, j’étais contrainte de restreindre mes pulsions créatrices à mon (tout-petit) temps libre. C’est finalement grâce au confinement que je pus reprendre sérieusement cette activité; et depuis, je ne m’arrête plus !
Entre temps, mon engagement pour la cause environnementale avait pris de l’ampleur, et je pris la décision de n’utiliser que des matières nobles d’entreprises locales. Fini les conchos en métal provenant des Etats-Unis : désormais mes bijoux seraient confectionnés en coton et argent 925 recyclé de fabrication française.
Le 11 Mai 2020, les Français retrouvent leur liberté après le confinement. C’est avec surprise que je découvre, dans les médias, les photos de milliers de personnes faisant la queue devant les portes des magasins de fast fashion. Les prix y sont doux pour le client, mais l’addition pour la planète et notre santé est salée. Je me dis alors qu’il est largement temps de repenser notre consommation, consciente des enjeux environnementaux, éthiques et sanitaires qui se jouent à cet endroit.
Mais tout d’abord, la fast fashion, c’est quoi?
A l’instar du fast food dans la restauration, il s’agit d’un segment de l’industrie caractérisé par sa rapidité (confection, renouvellement, etc) mais aussi par de bas prix incitant le client à renouveler fréquemment sa garde-robe. Si les méfaits du fast food sur la planète et notre santé ont largement été pointé du doigt depuis de nombreuses années, il nous faut également parler de ceux produits par la Fast Fashion.
Quelles conséquences ?
Les bas prix pratiqués en Fast Fashion sont permis par l’utilisation de matières synthétiques non biodégradables comme le polyester qui émet trois fois plus de CO2 que d’autres fibres telles que le coton. Avec l’augmentation de la consommation de Fast Fashion aujourd’hui, 50% de nos vêtements sont réalisés à partir de polyester (on observe une augmentation de 157% de fabrication de polyester de l’an 2000 à aujourd’hui).
La Fast Fashion est également très gourmande en eau. Par exemple, il faut 7000 litres d’eau pour fabriquer un jean ! Sachant que 2 milliards de jeans sont produits chaque année… Je vous laisse faire le calcul.
De plus, cette industrie multiplie l’utilisation de pesticides et de produits chimiques dangereux pour l’environnement et notre santé comme les colorants azoïques et les substances perfluorés toxiques et cancérigènes pour les animaux et les humains.
Les pesticides sont également utilisés en très grande quantité sur les champs de coton, ce qui a un effet dévastateur pour l’environnement et la population locale. Un exemple criant est celui de l’Inde et du Bangladesh où cancers et malformations en lien avec l’utilisation de pesticides se multiplient. Ce phénomène est présent également dans les pays occidentaux où les bébés naissent “pre-polluted” (présence de substances cancérigènes dans le corps dès la naissance) à cause des vêtements que nous portons et des parfums que nous inhalons tout au long de la vie.
A noter également : ces vêtements continuent de polluer une fois dans nos dressings. A chaque cycle de machine à laver, des centaines de milliers voire des millions de microfibres partent dans le circuit d'évacuation. Malgré le traitement des eaux usées ces particules sont si petites que 878 tonnes finissent malgré tout en mer.
Une autre des conséquences de la Fast Fashion est bien souvent la qualité médiocre des produits. Ainsi, les vêtements issus de la Fast Fashion sont majoritairement peu solides et ont une durée de vie très limitée.
Si nos attentes en cette matière sont généralement basses lorsque nous dépensons peu pour un vêtement, il faut néanmoins se méfier : certaines marques de fast fashion sont chères ! Il est plus difficile alors de les repérer.
La surconsommation et les rejets excessifs de ces vêtements contribuent aux déchets de masse et saturent nos décharges mais aussi celles de pays en développement (où les vêtements sont produits et les déchets souvent renvoyés).
Si la fast fashion n’est pas rapide quelque part, c’est bien concernant la dégradation des déchets qu’elle produit. Fabriqués avec des matières non biodégradables, leur auto-dégradation est lente voire parfois impossible. Aux Etats-Unis, les décharges de vâtements occupent plus de 125 millions de mètres cubes chaque année, soit l’équivalent d’environ 42 000 piscines olymiques!
Enfin, outre l’aspect environnemental, il y a également une question éthique qui se pose :
Qui fabrique ces vêtements ?
Les entreprises de fast fashion pratiquent des méthodes de travail peu coûteuses et pour la plupart déloyales. En délocalisant la production où la main d’oeuvre est plus rentable (plus de rendement, salaire bas), elles participent à la destruction de pans entiers de l’industrie textile qui fut, par le passé dans de nombreux pays, un très gros employeur, destinant ainsi au chômage et à l’inactivité des milliers de travailleurs ouvriers des “pays développés”.
Le travail des enfants est également une des données les plus problématique du phénomène avec 60% des travailleurs de l’industrie de la mode étant agés de moins de 18 ans...
Enfin, les pays où sont fabriqués les vêtements ayant une réglementation moindre ou peu protectrice du travailleur, ce sont des millions de travailleurs exposés à des conditions de travail épuisantes et dangereuses.
Toutes ces raisons doivent nous encourager à changer nos modes de consommation et nous tourner vers une mode durable.
Comment me direz vous ?
Evidemment, il est impossible d’avoir un comportement sans fautes, donc pas de panique ! Nous l’avons surement trop dit mais : personne n’est parfait !
Néanmoins, et puis que les différents gouvernements ne prennent pas de mesure radicale, il faut croire au pouvoir que nous avons en tant que consommateur !
Chaque petites contributions a un impact. Mises bout à bout elle peuvent aboutir au changement!
Il existe de nombreuses solution pour freiner cette frénésie sans se priver totalement :
- Privilégier la “seconde main” en rachetant des vêtements déjà portés (vinted, ebay ou vintage shop)
- Se mettre à la location de vêtements (de plus en plus d’entreprises proposent ce service comme Le Closet)
- Acheter des vêtements durables respectueux de l’environnement en regardant où ils ont été produits et comment (fait-main, usines,...), avec quelles matières (coton, matières recyclées,...), quelles sont les valeurs de l’entreprise (questions environnementales, les conditions de travail) , etc. Par exemple l’entreprise DMC auprès de laquelle ’achète mes fils de coton a comme valeurs : la qualité supérieure des produits (je confirme), la responsabilité sociale ainsi que la prise en compte des contraintes environnementales.
Bref, consommer moins mais mieux !
“Les modes s'estompent, le style est éternel” Yves Saint Laurent